Y voir plus clair parmi les « psys »

Pédopsychiatre, psychiatre, psychologue, psychothérapeute, psychanalyste… quelles sont les différences et à qui doit-on demander de l’aide pour son enfant ?

Un enfant qui refuse d’aller à l’école, perd l’appétit, se montre violent dans la cour de la récré… Un adolescent qui se scarifie, devient anorexique, fugue, se désocialise… Ces symptômes inquiètent et désarçonnent nombre de parents, en quête de solutions. Une des premières portes à pousser peut être celle des centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP ou CMPEA pour ados) ou des pôles « adolescents » rattachés à un groupe hospitalier, structures publiques et gratuites. « Ils proposent un bilan très complet et une prise en charge sur du long terme, mais auprès de jeunes présentant des difficultés importantes et à plusieurs niveaux. Ceux-ci sont aidés par toute une équipe de psychiatres, orthophonistes, psychomotriciens… qui s’appuie sur la parole, mais aussi le psychodrame, les ateliers de groupe, le dessin… », explique Delphine Bos, psychologue clinicienne au centre Abadie de Bordeaux. Cependant, les délais d’attente sont souvent très longs (parfois de 6 mois à un an). « Ces structures peuvent être en tout cas un premier recours pour se faire orienter suivant le problème de l’enfant vers le spécialiste adéquat ». Et notamment chez les libéraux.
Dans ce secteur, seules les consultations chez les psychiatres et pédopsychiatres sont remboursées par la Sécurité sociale, en accès direct pour les 16-25 ans, sur prescription médicale du généraliste pour les moins de 16 ans. Tous deux ont une formation de médecin, avec une spécialisation (d’un an pour le psychiatre et de deux ans pour le pédopsychiatre) sur les problématiques enfants-ados. Ils travaillent le plus souvent à partir d’entretiens individuels. « Il est intéressant de les consulter notamment si les parents ont du mal à identifier la part médicale ou psychologique d’un problème, par exemple pour un enfant de 8 ans qui fait pipi au lit, un adolescent qui fait des malaises… ». Ils sont aussi les seuls habilités à prescrire des médicaments, « ce qui est rare, les prescriptions de médicaments de mineurs étant très restreintes et cadrées ». Seul hic, les délais de rendez-vous sont également longs.

Ecouter, soutenir, accompagner
Les parents peuvent dès lors se tourner vers les psychologues ou les psychanalystes, plus disponibles, qui appliquent des honoraires libres et variables, mais non remboursés (seules quelques mutuelles remboursent des séances). Le psychologue mène notamment des tests de la personnalité et des bilans psychologiques sur l’efficience intellectuelle. Il peut également, s’il ne s’agit pas d’un problème d’anxiété grave, mener une prise en charge sur le long terme sous sa casquette de psychothérapeute. Consulter un psychanalyste sous-entend une thérapie sur le long terme et un engagement régulier. « C’est adapté, par exemple, aux enfants ressentant une anxiété au quotidien, assez diffuse. Le psychanalyste aide à mieux comprendre l’origine de ce sentiment, comment fonctionne la personnalité du jeune…, précise la psychologue du centre Abadie. Le point commun de tous ces spécialistes est de toute façon d’écouter, de soutenir et d’accompagner, chacun employant ses propres outils ».
Tous, de même, travaillent en lien avec les parents et la famille. « Sur des problèmes d’enfants et d’adolescents, il paraît difficile de faire autrement. Dans un deuxième temps, chaque spécialiste choisira comment et à quelle fréquence », ajoute Delphine Bos qui incite « quand il y a une inquiétude, à aller consulter rapidement, surtout si le jeune est en demande, au lieu de laisser le problème s’aggraver. Là, enfants comme parents auront une première réponse et, déjà, le fait d’être rassurés peut changer beaucoup de choses ».

Infos pratiques

Depuis 2012, seuls les psychologues, psychiatres et médecins généralistes ayant eu une formation complémentaire en psychopathologie, peuvent se prévaloir de ce titre de psychothérapeute. Résultat, il existe désormais des « psycho-praticiens », titre qui n’offre aucune garantie quant à leur formation.