Les bons réflexes contre l’intox

A l’occasion du Safer Internet Day, journée mondiale pour un Internet plus sûr, de nombreux ateliers de sensibilisation sont organisés pendant un mois partout en France autour de la relation des jeunes aux médias et leur consommation de l’actualité. Face à la montée des fake news, les fausses informations qui circulent sur Internet, l’enjeu est d’aider les enfants à acquérir des repères et à être plus vigilants. Voici dix points clés sur lesquels les parents ont un rôle à jouer.

Dialoguer sur sa pratique des médias
Engagez le dialogue. Quels sites ou médias consulte-t-il ? Lit-il les articles relayés par ses « amis » sur les réseaux sociaux ? Quelle crédibilité accorde-t-il à ces informations ? A-t-il déjà été confronté à des rumeurs et intox ? Une première entrée en matière qui permet d’évaluer s’il a pris conscience des risques de manipulation. Plus précisément, en partant d’un fait d’actualité, demandez-lui ce qu’il en sait ou en a retenu, confronter vos avis et vos sources. Si l’une de ces infos vous paraît être une intox, démontrez-lui que ces rumeurs ne sont pas fiables. N’hésitez pas non plus à livrer votre ressenti ou votre avis face à un événement choquant ou violent.

L’aider à identifier une source fiable
Une information n’est fiable qu’à la condition que sa source soit sûre. C’est la règle d’or. Invitez-le donc à s’interroger sur qui en est l’auteur, à quelle date est-elle parue, est-ce un site d’un média connu, d’une institution ou d’une organisation officielle ou un site personnel à l’intitulé aléatoire. Rappelez-lui qu’il vaut mieux attendre que plusieurs médias donnent un même fait pour le considérer comme établi. Encouragez-le aussi à lire plusieurs articles de différents médias sur un même évènement pour l’aider à prendre conscience de la diversité des traitements possibles, des interprétations et des opinions.

Donner des repères pour une recherche sur Internet
Aidez-le, lors de ses premières recherches, à entrer les mots clés les plus précis possibles – l’un des problèmes auxquels sont confrontés les jeunes – et ce, en évitant les termes qui peuvent prêter à confusion. Ne pas se fier aux sites qui apparaissent en premier : un bon référencement ne rime pas forcément avec pertinent. Pour connaître qui diffuse ces informations, rien de tel que de consulter les rubriques « Qui sommes-nous », « A propos » ou « Mentions légales » d’un site. Ensuite, mieux vaut croiser les sources en navigant sur d’autres moteurs de recherche que Google. Vous pouvez mettre en favoris quelques annuaires et moteurs de recherche pour enfants : babygo, kidigo, takatrouver, Vikidia ou Wikimini.

Activer les logiciels de contrôle parental
Fournis par votre fournisseur d’accès à Internet, des logiciels de contrôle parental permettent de limiter les risques d’exposition à des contenus choquants, de gérer les temps de connexion, d’empêcher la saisie d’information personnelle, de limiter l’accès à certaines applications...

Inviter à la prudence sur les images et vidéos
Attirez leur attention sur les images et vidéos, dont ils sont très consommateurs en les mettant en garde qu’une photo n’est jamais une preuve en soi, d’autant plus si elle émane d’un compte inconnu. Elle peut être très facilement retouchée, antidatée, relégendée. On peut soi-même faire une vérification rapide en cliquant sur une photo parue sur le net, en copiant son adresse URL ou en l’uploadant dans Google Image et en regardant sur quels sites elle apparaît et en trouvant qui en est l’auteur – la plus haute résolution mène vers la source principale. Pour aller plus loin, on peut utiliser d’autres outils : TinEye, Fotoforensics et Findexif.

Le mettre en garde contre les discours complotistes
S’appuyant sur des vidéos détournées ou des interviews de faux experts, les thèses conspirationnistes sont facilement accessibles sur le Net. Ainsi le réseau Canopé, éditeur de ressources pédagogiques, dénonce des contenus conçus « sur mesure » pour les jeunes et pour répondre à leur questionnement légitime sur la société.

Le b.a.-ba pour les réseaux sociaux
La majorité des jeunes est adepte des réseaux sociaux où prolifèrent justement rumeurs, intox et commentaires douteux. Ayez conscience que si les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans, c’est bien parce que certains contenus sont inadaptés aux enfants. Pour que votre enfant apprenne à protéger ses données personnelles et se prémunir de « faux amis » malintentionnés, veillez à ce que son compte soit bien paramétré et que ses mots de passe soient sécurisés (compliqués, associant chiffres/lettres/symboles). Démystifiez aussi la « course aux amis » et dialoguez avec lui sur la manière dont il accepte ou refuse de nouveaux contacts. Il est important de leur préciser que l’anonymat est un leurre et que l’injure, la diffamation, des propos racistes ou haineux sont interdits et punissables par la loi. Enfin, il est bon de leur faire savoir que les réseaux sociaux sont des entreprises avec des stratégies commerciales et de récupération de données des utilisateurs.

Lire la presse jeunesse et regarder des émissions de décryptage des médias
Une autre façon de l’accompagner dans la jungle de l’information est de les abonner, voire de lire avec eux, des médias adaptés tels que Mon quotidien (10-14 ans), L’Actu (14-17 ans), L’Eco (15-18 ans), Sciences et vie Junior, L’Etudiant… Ces journaux permettent un rapport plus sécurisé et plus distancié face à l’actualité avec une mise en perspective de l’évènement. Côté télé, sur France 4, le dimanche, à 13h40, T’as tout compris est une émission pour les collégiens et construite avec eux pour apprendre à décoder le flot d’images et d’informations, les dérapages médiatiques, désamorcer les messages anxiogènes du type « La 3e Guerre Mondiale, c’est pour bientôt… ».

L’inciter à participer aux journaux ou au club médias de son école
Rien de tel pour comprendre comment fonctionne l’information que de se transformer soi-même en apprenti journaliste. En réalisant des articles, journaux en ligne, vidéos, les jeunes font l’expérience de la recherche d’informations, apprennent à distinguer une bonne source d’une mauvaise et se confrontent aux questions de droits et de devoirs, de déontologie, de liberté d’expression...

S’aider de ressources pédagogiques et ludiques sur le Net
Vinz et Lou : une série de petits dessins animés s’adressant aux 7 à 12 ans et permettant de décoder les usages d’internet et aborder des questions de société.
Info Hunter, un parcours pédagogique qui permet aux jeunes de mieux comprendre la fabrique de l’information et développer leur esprit critique.
La clé des médias : 25 programmes de 2 minutes, proposés par France à destination des jeunes qui donnent des clés de compréhension des médias : Les médias disent-ils tous la même chose ? Où s’arrête la liberté d’expression ? C’est quoi être objectif ?
Serious game d'éducation critique à Internet pour les adolescents.
Fiches sur les bonnes pratiques sur l'utilisation des réseaux sociaux.
• Assistante téléphonique Net écoute : 0 800 200 000.
• Signaler un contenu choquant : www.pointdecontact.net
• Conseils sur le site de Réseau canopé.
• Sur Twitter, abonnez-vous à des comptes de fact-checking tels que @decodeurs (Le Monde), @LibeDesintox (Libération).

Infos pratiques

Comme chaque année, le Safer Internet Day invite la sphère éducative, les associations et les médias à participer à cet événement mondial tout au long du mois de février. En 2017, 20 000 élèves ont ainsi pu être sensibilisés, via 400 ateliers organisés partout en France. Toutes les mobilisations sont recensées sur le site d’Internet sans crainte.