Bien dormir pour mieux apprendre

Au-delà du temps nécessaire à chaque individu, la régularité des rythmes de sommeil est un facteur indispensable à la santé. Aux parents de veiller à ce que les enfants ne soient pas en dette pour ne pas piquer du nez en classe !

Dans le quotidien des familles, deux mots semblent indissociables : école et sommeil ! Pour les enfants, quand résonne la fameuse phrase « Demain, il y a école », ils savent que le message suivant sera : « Allez, au lit ! ». Pourtant, bien dormir est une des conditions sine qua non du bien-être de l’individu. Car pendant le sommeil est sécrétée l’hormone de croissance, primordiale pour la croissance et le métabolisme. Et parce que le sommeil est un élément essentiel de la synchronisation de notre organisme.

Mal dormir joue sur l’humeur ou l’appétit
Dormir participe à l’entraînement de notre horloge biologique interne sur 24 heures, l’alternance de la lumière et de l’obscurité correspondant respectivement aux phases d’éveil et de sommeil. « Et lorsque, pour une raison ou une autre, l’horloge est dans une situation de dysfonctionnement, apparaissent des signes de désynchronisation liée à une perte de la relation entre le temps de l’horloge biologique et celui de l’environnement. La désynchronisation se manifeste par divers signes cliniques tels que fatigue, mauvaise qualité de l’humeur et de l’appétit, agressivité… », explique le professeur Yvan Touitou, chronobiologiste, membre de l’Académie nationale de médecine et président honoraire de  l’Académie nationale de pharmacie. Pour lui, il faut considérer la durée du sommeil à l’intérieur de ces bornes que sont les heures de coucher et de lever. « Si elles se décalent, il y a un effet de désynchronisation qui altère entre autres, les capacités d’apprentissage de l’enfant ».

Se coucher tôt, même le weekend !
D’où le total contre-sens de la semaine de quatre jours pour le spécialiste qui y voit une source de dysfonctionnement de l’organisme des enfants. Couper la semaine en deux est aussi néfaste que le week-end : « Deux jours de repos consécutifs sont souvent synonyme de coucher plus tard et lever plus tard. Et le lundi, l’enfant est en situation de jet-lag. Désynchronisé. Il va être moins efficace dans ses apprentissages toute la journée du lundi et le mardi matin. »
Reste aux parents à être vigilants sur l’heure du coucher – ce sont pendant les premières heures de sommeil que l’hormone de croissance est sécrétée de façon plus abondante – sur la durée du sommeil – qui oscille chez l’enfant autour de neuf heures – et sur la régularité des heures de coucher et lever. Mais le professeur Touitou met aussi l’accent sur les facultés d’apprentissage de l’enfant. « Il existe un rythme circadien de la vigilance et des performances qui a fait l’objet d’un certain nombre d’études scientifiques démontrant l’intérêt de connaître ces rythmes pour favoriser le travail de l’élève et ses apprentissages. Ces moments préférentiels de l’enfant se situent entre 10 et 11 heures le matin, puis 15 et 16 heures. Ces rythmes psycho-physiologiques sont donc circadiens, c’est-à-dire prévisibles et réguliers. »

Intégrer les devoirs au temps scolaire
Un créneau qui pourrait être mis à profit pour enseigner les matières les plus difficiles. De la même façon, études à l’appui, il prône des temps d’activités péri-scolaires régulières et quotidiennes, d’environ une heure par jour et d’intégrer devoirs et leçons au temps scolaire. « Ainsi l’enfant rentre serein chez lui car il a fait tout ou une grande partie de ses devoirs à l’école. » Enfin, côté vacances, si la coupure de deux semaines est idéale – « la première permet à l’enfant de se réajuster, et pendant la seconde l’enfant profite des ses vacances » –, l’année de travail devra s’adapter au temps du quotidien. « Mais quel que soit le modèle qui sera adopté, il est fondamental de l’évaluer scientifiquement et de façon régulière. ».

Laisser la possibilité aux communes d’appliquer la semaine de 4 jours selon leur bon vouloir ou leur bonne volonté, alors que les experts scientifiques ont démontré, résultats de recherches à l’appui, que cet aménagement hebdomadaire est le moins adapté aux rythmes de l’enfant et le plus inégalitaire creuserait le fossé de l’injustice.
François Testu, président de l’ORTEJ

Chiffre-clé

30 % des 15-19 ans sont en dette de sommeil et à 15 ans, 25 % des adolescents dorment moins de 7 heures par nuit. Or, ils devraient en moyenne dormir 9h30 pour être en forme (Inpes HBSC 2010).
30 % des 15-19 ans sont en dette de sommeil

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