La maternelle : une étape cruciale
Certes, la plupart des tout-petits ont déjà connu la crèche, la nounou ou la halte-garderie. Mais ce qu’ils vont découvrir en entrant à l’école n’a rien de comparable. « C’est la première vraie confrontation avec la vie en société, remarque Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste. Quand il entre en petite section, l’enfant rompt avec un univers maternant où il est porté, changé, câliné pour apprendre à faire partie d’une collectivité, à fonctionner en groupe, sous la responsabilité d’un adulte, au même titre qu’une trentaine d’autres enfants ». Une étape cruciale pour l’autonomie et la socialisation, qui ne laisse pas indifférent.
Alban, 4 ans, a fait sa rentrée en septembre dernier. Damien, son papa, en témoigne : « Au vu de ce qu’il raconte, la vraie nouveauté pour mon fils, ce sont les temps non scolaires : la cantine et la cours de récréation ! Le bruit, le mouvement, les « grands » qui chahutent… On sent bien que tout cela l’impressionne un peu, car il n’est plus dans le cocon rassurant de la crèche. »
Comment, alors, faire en sorte que cette arrivée dans un univers inédit soit une réussite ? « D’abord, il est essentiel d’expliquer à son enfant ce qu’il va se passer (où va-t-il aller ? avec qui ? pour quoi faire ? etc.) : l’idéal est de visiter l’école un peu avant les vacances d’été pour qu’il repère les lieux, note la spécialiste. On peut alors établir une comparaison entre l’école et le travail des parents (ou autres occupations) pour que l’enfant comprenne que l’on a chacun ses activités et que l’on se retrouvera tous à la maison une fois le « travail » terminé. »
Autre sujet à évoquer par anticipation : celui de la propreté. « Là encore, il faut lui en parler, sans dramatiser, en lui disant qu’il vaut mieux être propre à l’entrée à l’école, car la plupart des enfants le sont et qu’il sera plus tranquille ainsi. »
Ne pas idéaliser l’école
Ensuite, il est important de donner du sens à cette rentrée. « Réfléchissez aux raisons qui vous poussent à inscrire votre enfant en maternelle, suggère Myriam Szejer. Pour certaines familles, l’objectif sera justement d’aider l’enfant à se socialiser, pour d’autres, il s’agira prioritairement de pouvoir continuer à travailler et à faire fonctionner le foyer. L’idée est que l’enfant comprenne pourquoi il entre à l’école et qu’il évite de penser que l’on cherche à se débarrasser de lui. »
Attention, néanmoins, à ne pas idéaliser l’école ! « Si vous lui dites qu’il va apprendre à lire et à écrire, vous risquez d’engendrer beaucoup de déception, surtout s’il est curieux et pressé de le faire, remarque Myriam Szejer, car ce n’est pas ce qui va se passer dans l’immédiat. »
Dernière étape pour une rentrée réussie : interrogez-vous sur la manière dont vous (oui, vous !) vivez cette séparation. « Parfois, lorsqu’un enfant pleure, on se rend compte qu’il se fait le porte-parole de son père ou de sa mère, remarque l’experte. Par ailleurs, au moins de manière inconsciente, chaque parent projette sur cette rentrée ce que lui-même a vécu. Attention, toutefois, de faire la part des choses pour permettre à son enfant d’écrire sa propre histoire ».
Et si, malgré tout, votre progéniture fait grise mine et ne veut plus « y » retourner, il est opportun de s’interroger. « Peut-être est-il fatigué, note Myriam Szejer. On peut alors envisager de lui proposer des demi-journées plutôt que des journées entières, au moins durant quelques mois. Dans le cas, néanmoins, où sa souffrance persiste ou s’amplifie (troubles du sommeil, pleurs fréquents), n’hésitez pas à rencontrer l’instituteur/trice (voire le directeur/trice) pour identifier un problème plus profond (difficulté d’intégration ou éventuelle maltraitance par exemple). »
Ressources
Infos pratiques
La maternelle à 2 ans, la FCPE dit oui !
Parce que l’école maternelle joue un rôle manifeste en faveur des enfants les moins favorisés devant l’accès au savoir, la FCPE est favorable à l’entrée en maternelle dès 2 ans, pour les familles qui en font la demande. A condition, toutefois, que les besoins spécifiques des enfants de cet âge soient pris en compte et respectés, tant sur l'organisation de l'espace et des activités que des horaires.