Lutter contre le bizutage, c’est oser dire non !

En 2017, le Comité national contre le bizutage (CNCB), dont la FCPE est membre, a fêté un anniversaire un peu particulier, vingt ans de lutte contre le bizutage, vingt ans d’engagement pour briser la loi du silence. Malgré la loi, malgré les sensibilisations, le bizutage reste, en effet, encore la tradition dans bon nombre d’établissements scolaires du supérieur avec son lot de violences et d’humiliations. Marie-France Henry, présidente revient sur le chemin parcouru. Elle continue en cette rentrée à alerter la communauté éducative et plus particulièrement les parents d’élèves.

plaquette

Depuis 1997, quelles ont été les avancées constatées ?
Avant la loi de 1998, le bizutage était quelque chose dont on ne parlait pas. Depuis, les mentalités ont fort heureusement évolué, cette loi a permis une prise de conscience collective. Il y a plus de plaintes déposées et des condamnations plus sévères. Cette loi a permis de mettre des mots sur ce qui est considéré désormais comme un délit. Mais aujourd’hui, en 2018, force est de constater que la violence du bizutage est toujours prégnante.
Il ne suffit pas de faire signer une charte aux organisateurs d’événements festifs étudiants pour que les bizutages n’aient pas lieu. Il y a des contournements  et je constate chaque année que la signature de cette charte n’est pas suffisante. Je souhaite que les chefs d’établissement aillent plus loin, comme dans cette école où ils ont réuni la nouvelle promotion en leur disant : « Si les étudiants des promotions supérieures vous organisent un bizutage. Il faut le refuser en bloc. » Et ça a marché !

Dans l’une de vos plaquettes, vous employez le mot torture, n’est-ce pas un peu « fort » comme terme ?
Attacher un étudiant, le dévêtir, le faire boire, graver le nom de l’association des élèves sur son dos avec une capsule de bière, c’est bien de la torture.
Brûler une jeune fille parce qu’elle ne se soumettait pas au bizutage, j’appelle cela de la torture !
Forcer à boire de l’eau à l'aide d'un entonnoir, c’est aussi de la torture.
Sans compter la torture psychologique, comme dans cette école où des jeunes sont restés cinq heures debout sans bouger contraints d'accepter que les bizuteurs leur hurlent dessus…

Que souhaitez-vous dire aux parents ?
J’appelle les parents d’élèves à une extrême vigilance. Les parents doivent sensibiliser leurs enfants pour que ces derniers puissent dire non au bizutage. Qu’ils les alertent sur ce qu’ils sont en droit d’accepter ou non. Et surtout qu’ils n’hésitent pas à nous contacter, à alerter le chef d’établissement, voire à porter plainte si nécessaire. Pourquoi le bizutage continue ? Parce qu’il n’y a pas de sanction. Sur toute une promo bizutée, il n’y a parfois qu’une seule famille qui se manifeste pour dénoncer les faits.
Car les familles ont peur, elles n’osent pas interpeller le chef d’établissement de peur de représailles pour leurs enfants. Des pressions sont exercées notamment sur la poursuite d’études et l’insertion dans le monde professionnel. C’est inadmissible !
C’est aussi cela briser la loi du silence, oser dénoncer et agir !

Chiffre-clé

Le Comité National Contre le Bizutage lutte contre le bizutage et apporte son soutien à ses victimes et à leurs familles notamment en les écoutant et en les aidant à agir.
23 Témoignages recueillis en 2016

Infos pratiques

Lire la plaquette du CNCB éditée pour cette rentrée 2018.

Diffusez le dépliant "Futurs étudiants, refusez le bizutage" aux élèves de terminale du lycée où vous êtes parents d'élèves.