Classes de CP à 12 élèves, de la poudre de perlimpinpin ?
Dédoubler les classes en zone prioritaire pour lutter contre l’échec scolaire ? Sur le papier, difficile de ne pas adhérer à un tel projet… Mais alors que 2 500 classes de CP en REP+ (réseau d'éducation prioritaire renforcé) sont d’ores et déjà concernées par cette mesure, les difficultés se font jour. Premier problème : les locaux. « Dans de nombreux endroits, le bâti scolaire est déjà en tension, rappelle Liliana Moyano, présidente de la FCPE. Dans certains départements à la démographie forte, les écoles sont trop exiguës pour envisager les aménagements nécessaires et dans certaines grandes agglomérations, la place dans les établissements publics est contrainte. »
Dans ces conditions, comment envisager sereinement un dédoublement des classes ? Pour l’heure, le ministère renvoie la responsabilité du bâti scolaire vers les communes. Insuffisant, réplique la FCPE. « Nous demandons au gouvernement de se saisir de cette question en aidant les communes les plus en difficultés à faire face à leurs compétences, indique Liliana Moyano. Par exemple, en créant un fonds dédié pour la construction et la remise en état des locaux scolaires. »
« Redéploiement » de postes : la polémique
Deuxième difficulté, au cœur aujourd’hui de toutes les inquiétudes : la question des enseignants. Pour l’heure, on sait que les 2 500 postes annoncés par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer pour répondre aux besoins des CP à 12 élèves correspondent en grande partie à un redéploiement des postes utilisés par le dispositif « Plus de maîtres que de classes » (PDMQDC), créé par François Hollande en 2013.
Un dispositif soutenu par la FCPE qui consiste à affecter dans une école un maître supplémentaire qui co-intervient dans les classes auprès d'élèves en difficulté. Les syndicats d'enseignants craignent ainsi une disparition progressive du dispositif, notamment dans les départements où les établissements REP et REP+ sont nombreux.
Exemple en Seine-Saint-Denis, dans le Rhône, le Var et le Vaucluse où, selon le SNUipp-FSU, plus de 200 postes du dispositif PDMQDC seront bientôt supprimés. Toujours selon le syndicat, dans d'autres académies, on envisage de « piocher » dans les postes de remplacement, les dispositifs « scolarisation des moins de 3 ans » ou les nécessaires ouvertures de classe à la rentrée.