Coût de la rentrée : la FCPE pose le débat de la gratuité réelle des fournitures
Pour la FCPE, la question des fournitures revêt plusieurs enjeux : économiques mais aussi écologiques et de santé publique. Entretien avec Valérie Barylo, administratrice nationale qui s’est saisie du problème dans son département, l’Hérault.
Avec une hausse significative à chaque rentrée depuis 2020 et de plus de 10% pour les fournitures scolaires en 2023 (dont plus 14% pour les articles de papeterie), la FCPE tape du poing sur la table depuis mi-août pour stopper cette spirale inflationniste et animer le débat sur la gratuité.
Afin que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets à la rentrée 2024, elle a demandé au gouvernement de réunir rapidement un groupe de travail réunissant tous les membres de la communauté éducative (parents, enseignants, collectivités locales) et les fabricants de fournitures scolaires. La FCPE demande à ce que l’enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes remonte jusqu'à 2020 pour comprendre et expliquer la hausse des fournitures scolaires de plus de 20%, en cumulé, sur les trois dernières années.
Une fois les constats partagés, il faudra engager un débat sur la gratuité réelle des fournitures et engager des actions concrètes avec les fabricants et notamment les papetiers pour revoir la conception même de certaines fournitures qui, outre leur prix prohibitif, alourdissent substantiellement le poids du cartable et ne sont pas suffisamment respectueuses de l'environnement.
Les fournitures scolaires répondent donc à des enjeux économiques, de santé publique et écologiques. Trois enjeux qui justifient à eux seuls un débat de société et une action forte des pouvoirs publics.
Un enjeu économique mais aussi de santé publique
Valérie Barylo, administratrice nationale et secrétaire générale de la FCPE de l’Hérault le répète à l’envi « Dans l’établissement où j’étais élue FCPE, on a mené un gros travail pour passer du cahier 192 pages à 96 pages. Aujourd’hui, il faut aller plus loin et proposer des cahiers de 48 pages pour éviter que cela alourdisse le cartable. D'autant que les cahiers, la plupart du temps, ne sont pas remplis à la fin de l’année scolaire. De même que les cahiers au format 24X32, pourraient être réduits en taille pour essayer de diminuer leur poids, donc la quantité de papier et ainsi leur prix. »
Car les pesées des cartables organisées régulièrement par les associations FCPE font toujours le même constat, on est bien loin d’un cartable n’excédant pas 10% du poids de l’élève.
Mener de front la bataille économique et du poids du cartable
Pour Valérie Barylo, « il faut impérativement que les commissions Fournitures scolaires se réunissent et que les parents en fassent la demande, si elle n’est pas mise en place dans l’établissement de leur enfant ».
« Moi à la première réunion de cette commission, j’avais pesé toutes les fournitures de mes enfants : le cartable vide, la trousse, l’agenda, le cahier de correspondance. Cela m’a permis d’arriver en réunion avec des éléments concrets à discuter afin de rationaliser les demandes après discussion avec les différents enseignants. »
« Les pesées des cartables permettent de remettre la pression auprès des départements pour la généralisation des casiers et surtout qu’ils soient installés au cœur de l’établissement pour que les enfants, dès leur arrivée au collège le matin, aient le réflexe d’alléger leur sac et de déposer les affaires dont ils n’ont pas besoin pendant leurs premières heures de cours ».
Outre la rationalisation des fournitures, il y a aussi la possibilité de laisser un second jeu de livres notamment dans les classes où les matières sont toujours les mêmes comme en SVT. Ou mettre en place la règle des duos, à savoir un livre pour deux élèves.
Une bataille écologique pour une consommation éco-responsable
Enfin, pour Valérie Barylo, réfléchir à la question des fournitures scolaires, c’est aussi en profiter pour mieux consommer. Vérifier la composition des fournitures que « mordillent » les enfants toute la journée. Se dire que ce qui « sent » le neuf, n’est peut-être pas si inoffensif que ça. Regarder ce qui a été acheté déjà les années précédentes et qui peut être recyclé ! Penser à consommer local, fabrication française ou européenne.
Eviter les superpositions de matériel : une couverture papier et une couverture plastique en sus, est-ce vraiment utile ?
Penser à recycler les pages non utilisées en pages de brouillon ! Bref, tout un changement d’habitudes à opérer !
Une des solutions concrètes : le kit de fournitures
Pour pallier, ce qu’elle considère comme une défaillance de l’Etat, la FCPE, par l’intermédiaire de ses conseils départementaux et conseils locaux, organise depuis des années des achats groupés de fournitures qui bénéficient très concrètement au pouvoir d'achat des familles.
La FCPE du Rhône et de la Savoie viennent de lancer un kit de fournitures. Pour leur année d’expérimentation : le succès est là et surtout une véritable demande des familles. Pas moins de 400 commandes qui ne laissent aucun doute sur la nécessité d’une telle initiative. De nombreux autres départements organisent des bourses aux fournitures. La FCPE de la Vendée fournit depuis près de 10 ans 4000 kits annuels, la FCPE du Maine-et-Loire assure le même service en gestion départementale directe. Et de nombreux autres départements sont en train de leur emboiter le pas !
Ressources
Infos pratiques
Parents, sachez que les listes établies par les établissements scolaires sont indicatives. Aucun professeur ne peut punir votre enfant parce qu'il a un cahier de 48 pages et non de 192 pages comme demandé. Un professeur nouvellement nommé n'a pas à exiger l’achat de fournitures différentes de la liste pré-établie en juin.