Mayotte : la FCPE tire la sonnette d’alarme depuis 2022

Le cyclone Chido d’une rare intensité a dévasté l’île de Mayotte en décembre dernier. Les maisons, l’habitat précaire, les structures routières, les services publics… Les dégâts sont considérables, les élèves viennent de faire leur rentrée dans des conditions très difficiles. Présente dans ce territoire historiquement délaissé de la République, la fédération alerte depuis maintenant plusieurs années sur les défaillances de l’Etat et des collectivités locales à Mayotte.

La FCPE demande aux pouvoirs publics de se mobiliser durablement et structurellement pour construire un bâti scolaire capable de faire face aux enjeux démographiques, aux enjeux climatiques, scolaires et sanitaires de ce territoire. Forte des enseignements du passé, notre fédération reste attentive aux annonces faites pour aménager et reconstruire les infrastructures de l’île.

Voici les principales revendications de la FCPE à Mayotte adressées dans un courrier, à la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, qui s’est rendue sur place les 30 et 31 janvier 2025 :

- Un plan de reconstruction massive des établissements scolaires, prenant en compte les réalités climatiques et démographiques de l’île, afin d’offrir aux élèves et aux enseignants des infrastructures adaptées et durables.

- Une revalorisation des conditions de travail des enseignants, pour renforcer l’attractivité du territoire, stabiliser les équipes éducatives et garantir un enseignement de qualité.

- Un accompagnement spécifique pour les élèves allophones, avec des dispositifs adaptés à leur intégration et à leur réussite scolaire, afin de ne pas compromettre leur parcours ni celui des autres élèves.

- Une meilleure gestion du rectorat et des moyens alloués, avec plus de transparence et une adaptation aux défis spécifiques de Mayotte, pour une gouvernance éducative plus efficace et réactive.

- Des mesures de sécurité renforcées dans et autour des établissements scolaires, en attendant un véritable plan d’éradication de l’insécurité sur l’ensemble du territoire, afin de garantir un environnement serein et propice aux apprentissages.

- Une révision de l’offre d’assurance scolaire à Mayotte, afin de l’aligner sur les standards nationaux. À ce jour, un élève mahorais n’est assuré que lorsqu’il est en activité scolaire directe (stylo à la main, en classe), le laissant vulnérable en dehors de ces périodes, une situation inacceptable.

 

Mayotte au bord de l’implosion

La situation de Mayotte est difficile depuis de nombreuses années. La FCPE a alerté les pouvoirs publics bien avant que le cyclone Chido ne dévaste l’île car la situation est intenable pour les élèves et leurs parents.

Début 2023, le président de la FCPE Mayotte dénonçait dans un entretien des classes bondées, des bâtiments qui accueillent beaucoup plus d’élèves que la réglementation ne le permet, des cantines scolaires qui font défaut… Mayotte est l’un des départements les plus pauvres de France, où la démographie est toujours croissante, contrairement au reste du territoire. En octobre, une délégation avait rendez-vous avec le ministre de l’Education nationale pour aborder les problèmes structurels sur l’île.

La FCPE nationale a publié un communiqué de presse le 12 septembre 2023 pour déplorer une pénurie d’eau sans précédent privant les enfants d’école. Deux lycées et cinq collèges ont dû arrêter les cours quelques jours en raison d’analyses d’eau non conformes à la consommation. Les écoles primaires sont confrontées à une situation plus critique. Cinquante-trois ne sont pas raccordées au réseau d’eau prioritaire, empêchant parfois les élèves de venir en classe au-delà de la demi-journée. La FCPE a fait part de sa colère au ministère sur le sujet depuis début septembre 2023, et a demandé la déclaration de l’état d’urgence sanitaire.

Enfin, face à des situations de violence récurrente, les écoles sont régulièrement fermées et le ramassage scolaire suspendu.