C’est parti pour l’école de la confiance… Vraiment ?
« Faire émerger l’école de la confiance ». Voici la devise qui guidera l’action du nouveau ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, a-t-il annoncé au cours de la conférence de presse de rentrée qu’il a organisée mardi 29 août. A partir de ce fil rouge, il a explicité l’ensemble des mesures qui seront mises en place dans les semaines à venir, sans cacher son exaspération envers ceux qui réclament davantage de concertation et moins de précipitation. La FCPE a d’ores et déjà fait part de sa réaction sur plusieurs points de tension.
• Dédoublement des classes de CP en zone prioritaire
Conformément aux engagements du Président de la République, dès cette rentrée, environ 2 500 classes de CP situées dans les réseaux d'éducation prioritaire renforcés (Rep+) seront dédoublées. Aux rentrées suivantes, les CP et les CE1 en réseaux d'éducation prioritaire (Rep et Rep+) seront dédoublés à leur tour.
L’avis de la FCPE : « La FCPE a toujours été pour les petits effectifs, a indiqué Liliana Moyano, la présidente de la FCPE, au micro de France Inter. Nous pensons qu’il est important que les pratiques pédagogiques soient au plus proche des besoins de chaque élève, mais nous avons des questions concernant les moyens. Le dispositif « Plus de maîtres que de classes » nous parait pertinent, car il permet la construction de projets interdisciplinaires ». L’expression « déshabiller Pierre pour habiller Jacques » prend tout son sens…
• Rythmes scolaires
Le ministre de l’Éducation nationale est rapidement revenu sur le changement de rythmes scolaires qui concernera un quart des élèves lundi prochain. Il ne veut pas entendre parler d’un retour en arrière, mais « d’une étape pragmatique ». Pour lui, « l’hétérogénéité n’est pas le problème en soi, le problème est le bon rythme scolaire des enfants et le contenu de ce qui s’y passe. Rappelons aussi qu’aucune étude ne montre la supériorité d’une formule sur l’autre. […] Ce qui est important est d’avoir une vision complète du rythme de l’enfant dans sa journée, dans sa semaine, dans son année. Très prochainement, j’ouvrirai une concertation sur cette question. Elle portera sur le temps et l’espace de l’enfant au XXIe siècle ».
L’avis de la FCPE : Pour les élèves en difficulté, cette nouvelle organisation risque d’être doublement difficile : 4 jours de classes et 3 jours sans rien. La mise en place de la réforme a été compliquée, elle est récente. Faisons déjà son évaluation ! La FCPE attend avec impatience l'ouverture des travaux sur le calendrier scolaire, elle a déjà formulé de nombreuses propositions et a présidé une commission en Conseil supérieur de l’éducation l’an dernier.
• Evaluations des élèves en CP et en 6e
Parmi les mesures de dernière minute, le ministre a également annoncé l’instauration d’évaluations diagnostiques nationales pour les élèves de CP et de 6e. « Il est très important d’avoir une culture constructive de l’évaluation, s’est-il justifié. Nous avons besoin d’évaluer nos élèves à des moments clés de leur parcours, c’est particulièrement vrai au CP et en 6e. C’est pourquoi nous avons souhaité des évaluations en début d’année. Elles auront lieu courant septembre pour le cours préparatoire, en novembre pour la 6e, de manière numérique, pour avoir une idée des compétences des élèves en mathématiques et en français. »
L’avis de la FCPE : « On ne s’attendait pas à cette annonce, a réagi Liliana Moyano, interrogée par France info. Quel est l’objectif de ces évaluations ? Elles sont déjà réalisées par les enseignants dans les classes. Pourquoi les réaliser nationalement ? Il ne faut pas installer les familles dans une ambiance anxiogène, il ne s’agit pas de faire le tri des élèves. Il faudra organiser des réunions avec les parents d’élèves pour leur fournir des explications sur la finalité de ces évaluations ».
• Contrats aidés
Le gouvernement a décidé de réduire d’un tiers les contrats aidés d’ici 2018. Ce qui aura un impact dans certaines écoles, où de nombreux postes seront supprimés. Le ministre de l’Éducation nationale a précisé qu’aucune suppression ne concernerait les personnes dédiées à la scolarisation des élèves en situation de handicap.
L’avis de la FCPE : La FCPE a lancé un appel solennel au ministre pour maintenir les 23 000 emplois aidés qui travaillent dans l’Éducation nationale.