L’école buissonnière, c’est non !
Malheureusement, il semblerait que le gouvernement ne soit plus à une contradiction près… À quatre jours de la fermeture des établissements scolaires pour les vacances de fin d’année, le Premier ministre a annoncé mardi 15 décembre au micro d’Europe 1, une mesure pour le moins déconcertante : « À chaque fois que cela est possible, surtout si on doit recevoir à Noël des personnes vulnérables, (...) si vous pouvez ne pas emmener vos enfants à l’école jeudi et vendredi (...), vous le faites ».
La recommandation émane du Conseil scientifique, qui a publié lundi 14 décembre, une note d’éclairage pour « accompagner une fin d’année pas comme les autres ». Les experts plaident pour un « autoconfinement » d’une semaine ainsi que le recours à des tests avant les soirées de réveillon, pour tenter de limiter le risque d’une troisième vague de l’épidémie de Covid-19 en janvier. Pour les adultes, ils préconisent donc « de se confiner préventivement en posant des congés ou en télétravaillant une semaine avant le 24 ou le 31 décembre. » En ce qui concerne les écoles et les lycées, deux propositions étaient envisagées pour permettre de limiter au maximum la diffusion virale dans la semaine qui précède les repas de réveillon : « renforcer les mesures barrières à l’école et dans les lycées la semaine du 14 décembre notamment dans les périodes à risque des repas où les enfants ne portent pas leur masque ; laisser une tolérance aux familles qui le peuvent et qui le souhaitent d’élargir de 2 jours la période des vacances scolaires afin que l’auto-confinement de 1 semaine soit également possible pour les enfants. Il est donc recommandé de ne pas pénaliser les absences scolaires des 17 et 18 décembre. »
Cacophonie des discours
En choisissant la deuxième option, le gouvernement suscite incompréhension et exaspération chez les parents d’élèves. La cacophonie se poursuit, entamant la confiance déjà particulièrement mise à mal. « L'école n'est pas à la carte, ce n'est pas aux parents de décider s'il y a un risque ou non, a réagi Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE. On fait endosser aux parents un rôle qui n'est pas le leur. C'est aux pouvoirs publics de décider des mesures à prendre. Une fois de plus, rien n’est anticipé dans cette gestion de l’épidémie. »
Autre interrogation : pourquoi les élèves devraient s’autoconfiner une semaine avant de passer du temps avec leurs proches vulnérables, quand depuis des mois, le ministère explique que les écoles ne sont pas des clusters, que les contaminations n’y sont pas importantes ?
Et quid des inégalités scolaires accrues avec encore des heures de cours en moins pour les élèves ? En septembre, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a martelé cet argument pour justifier la réouverture des établissements scolaires.
Comme depuis le début de l’épidémie, la FCPE réclame, elle, un renforcement du protocole sanitaire. C’est là que le bât blesse. « L'État n'a pas du tout investi pour faire en sorte que les gestes barrières soient appliqués en milieu scolaire, poursuit Rodrigo Arenas. Les classes sont surchargées, les masques ne sont pas changés régulièrement et les mains ne sont pas toujours correctement lavées. Plutôt que de faire un référendum de plusieurs millions d’euros et qui ne sert à rien puisque la charte de l’environnement a valeur constitutionnelle, le président serait mieux inspiré d’investir ces millions dans l’école en particulier pour permettre les gestes barrières ».