Parcoursup 2020 : des dysfonctionnements qui perdurent
Une fois encore, le ministère de l’Enseignement supérieur se garde bien de fournir certaines données essentielles dans son bilan sur la procédure Parcoursup. Rien sur le nombre de candidats ayant définitivement accepté une place ou bien ayant quitté la plateforme, rien sur le nombre de candidats qui n’ont pas eu d’affectation, rien sur le nombre de filières en tension, rien sur le taux de satisfaction des candidats ayant accepté une proposition. Pourtant, ce dernier critère était l’indicateur d’évaluation de la plateforme APB qui a précédé Parcoursup !
Les tutelles ministérielles ont fait le choix d’ignorer les défauts et dysfonctionnements inacceptables de Parcoursup, alors que la FCPE mais aussi le Défenseur des droits début 2019, la Cour des Comptes en février 2020, puis le Conseil constitutionnel en avril 2020, les ont dénoncés publiquement à tour de rôle.
Un accompagnement des candidats très inégal
Cette année, dans son dossier de presse, le ministère met en avant « l’accompagnement humain renforcé des candidats à toutes les étapes et malgré la crise Covid-19 ». Les statistiques fournies dans ce chapitre portent sur le nombre d’appels reçus au numéro vert, les interactions sur les réseaux sociaux, les mails, les sms envoyés pour rappeler les échéances ! Il est plus intéressant de lire, plus loin, les résultats de l’étude d’opinion menée par Ipsos auprès des lycéens.
Sur la construction de leur projet d’orientation, près d’1 néobachelier sur 7 indique ne pas avoir bénéficié d’un temps d’échange consacré à son orientation post–bac et/ou au fonctionnement de la plateforme Parcoursup. 18% d’entre eux n’ont pas été épaulés par leur professeur principal pour réfléchir à leur projet.
Pour la formulation des vœux, 29 % des néobacheliers n’ont pas été accompagnés par leur lycée. Et seulement un quart des lycéens considèrent les fiches descriptives des formations consultables via le moteur de recherche Parcoursup complètes, avec toutes les informations nécessaires pour faire leurs choix.
Autre élément étrange d’autosatisfaction : le ministère se félicite que « la crise Covid-19 n’a pas impacté le bon déroulement de la procédure ». Or, certains résultats du sondage ministériel sont très inquiétants : 1/3 des répondants qui avaient été accompagnés pour l’inscription, la formulation et la confirmation des voeux, n’ont ensuite plus bénéficié d’un accompagnement à distance pendant la fermeture des lycées en raison de la crise sanitaire ; 2/3 de ceux qui n’avaient pas été accompagnés pour leurs vœux lorsque leur lycée était ouvert n’ont également pas été soutenus pour la confirmation lorsque leur lycée était fermé.
Les chiffres sur la phase d’admission sont à l’avenant. Un quart des néobacheliers admis ne sont pas satisfaits des délais dans lesquels ils ont reçu leurs propositions d’admission. Plus d’un tiers n’ont pas été accompagnés par leur professeur principal ou leur lycée lorsqu’ils ont reçu des réponses de formation. Le ministère reste par ailleurs silencieux quant à la diminution du nombre de candidats qui ont eu une proposition d’affectation après avoir fait au moins un vœu en phase complémentaire : cette année, 69% des participants à la phase complémentaire ont reçu une proposition contre 78% en 2019. De même, il considère Parcoursup comme « efficace » alors que la proportion d’étudiants en réorientation inscrits sur la plateforme et ayant obtenu au moins une proposition d’admission est plus faible cette année : 62,3 % contre 65,7 % en 2019.
Une procédure « stressante »
Quand les candidats sont questionnés sur ce qu’ils pensent au global de la plateforme, 77% d’entre eux la qualifient de « stressante ». Deux candidats sur 5 considèrent que l’adjectif « transparent » ne s’applique pas bien à la procédure Parcoursup.
En regard d’APB, Parcoursup ne semble pas avoir diminué le stress des candidats. Les interminables listes d’attente sont source d’anxiété et de découragement pour les lycéens. Les lycéens ne sont pas dupes face aux critères discriminatoires qui sont utilisés, à savoir le projet de formation motivé et la mention du lycée d’origine. La FCPE réclame leur suppression depuis le départ et la publication des critères de classement des candidats pour chaque formation.
Des promesses de démocratisation non tenues
Enfin, si Parcoursup a permis d’augmenter le nombre de propositions faites aux boursiers par comparaison avec APB grâce à la fin de la hiérarchisation des vœux, il n’a provoqué qu’une légère hausse du nombre d’acceptations de propositions dans l’enseignement supérieur par ces candidats. Les quotas boursiers introduits dans Parcoursup ne sont pas suffisants pour garantir l’accès des boursiers aux formations en tension.