Santé mentale : prévenir, repérer, accompagner

En 2025, la santé mentale sera labellisée grande cause nationale. Cette décision marque un tournant dans la reconnaissance des défis liés à la santé mentale, qui concerne près de la moitié des Français à un moment de leur vie. Cette thématique mérite une mobilisation collective, comme l’ont souligné de nombreux experts lors d’un colloque, organisé en novembre dernier par la fondation PiLeje et l’institut Pasteur de Lille, à la Maison de la chimie.

La crise du Covid-19 a mis en lumière une situation qui préoccupait déjà les professionnels de santé. Depuis dix ans, les besoins en soins psychiatriques n’ont cessé d’augmenter, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Les crises sociales et les attentats ont également joué un rôle dans l’exacerbation de ces troubles.

Un constat alarmant

  • 25 % des Français seront confrontés à des troubles dépressifs au cours de leur vie.
  • Les femmes et les personnes issues de milieux défavorisés sont particulièrement vulnérables.
  • 21 % des 18-24 ans souffrent de dépression, une tranche d’âge marquée par un fort sentiment de solitude.
  • Les urgences psychiatriques ont vu leurs admissions doubler depuis la pandémie de Covid.

Lever les tabous

Les sondages récents révèlent une perception préoccupante : deux personnes sur quatre estiment que l'État ne s'investit pas suffisamment dans la santé mentale. Faire de ce sujet une grande cause nationale en 2025 constitue une véritable opportunité pour ouvrir le dialogue et diffuser une information précise et documentée. Depuis peu, des personnalités qui osent parler de leurs expériences jouent aussi un rôle crucial dans la lutte contre l’éventuelle stigmatisation des personnes concernées.  Les sondages montrent aussi que de plus en plus les personnes concernées osent en parler à leur généraliste, à un professionnel de santé. C’est un point positif. Cependant, au-delà des témoignages qui aident à faire tomber les tabous, il est nécessaire d’investir massivement dans la psychiatrie et les structures de soins.

La jeunesse en première ligne

Les chiffres sont particulièrement alarmants pour les jeunes ; parmi eux les étudiants qui disent se sentir seuls et isolés. Comme l'a expliqué Fabrice Pastor, neuropsychologue, le cerveau continue de se développer jusqu'à l’âge de 25 ans. L'isolement social imposé par la pandémie a perturbé cette évolution, affectant profondément la santé mentale des jeunes. Les réseaux sociaux même s’ils sont décriés ont permis de maintenir des liens durant les confinements successifs, atténuant en partie leurs effets négatifs. Autre tranche d’âge préoccupante, les préadolescents dont on ne souciait guère jusqu’à présent qui manifestent de plus en plus des signes de mal-être.

Un stress accru pour une génération exposée

Les spécialistes s'accordent sur un point : les jeunes ne sont pas nécessairement plus fragiles qu'avant, mais sont exposés à de nouveaux types de stress. Le réchauffement climatique, les crises sociales ou encore la surcharge d'informations pèsent lourdement sur leurs épaules. La professeure Marion Leboyer, professeur de psychiatrie de l’université Paris Est Créteil, responsable du pôle de Psychiatrie et Addictologie des Hôpitaux Universitaires Henri Mondor et directrice du laboratoire de psychiatrie génétique a confirmé l’inégalité face aux risques de développer des troubles mentaux, en raison de facteurs environnementaux mais aussi génétiques. Un manque de sommeil et une mauvaise hygiène de vie peuvent également aggraver un problème déjà latent. 

Le rôle des parents

Pour Miel Abidbol, jeune influenceuse sur les réseaux sociaux, victime de harcèlement quand elle était enfant, le rôle des parents est crucial. Les parents doivent offrir une oreille attentive aux jeunes qui se confient, sans minimiser leurs souffrances. Fondatrice de la plateforme lyynk, elle conseille par ailleurs aux jeunes d’encourager le dialogue avec leurs parents en dehors de la maison, à un moment où l'écoute est véritablement possible. Faire de la santé mentale la grande cause nationale 2025 à défaut de résoudre tous les problèmes, permettra au moins de briser les tabous. Tous les spécialistes réunis sont unanimes pour dire que cette année décisive devra s'accompagner de moyens renforcés dédiés aux structures de soins. Une première étape dans la prise en charge est bien sûr la sensibilisation auprès des jeunes générations. Comme l’a répété Marion Leboyer : « On doit prendre soin de sa santé mentale comme on prend soin de sa santé cardiovasculaire ».