Admission post bac devient Parcours sup
En juillet dernier, les résultats de la grande roulette russe Admission post bac ont provoqué un vent de protestation avec plus de 65 000 bacheliers sans affectation à la rentrée 2017. En cause : une démographie des étudiants en hausse et le manque de places dans des licences en tension. Pour répondre à l'exaspération générale, le président de la République Emmanuel Macron a donc donné pour mission à la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, de mettre fin à ce tirage au sort « injuste et déshumanisé». Une concertation a été lancée pendant trois mois, au terme de laquelle le rapporteur Daniel Fillâtre, recteur de l’académie de Versailles, a rendu un rapport présentant une série de 17 propositions pour réformer le premier cycle universitaire.
Le 30 octobre, le « Plan étudiants » a été annoncé. Le nouveau calendrier pour l’orientation des élèves de terminale a été publié, et le nom Admission post-bac définitivement enterré. Place maintenant à Parcours Sup, nouveau nom qui a été choisi en ligne par les internautes. Le changement majeur n’est pas tant la transformation de l’outil de pré-inscriptions (10 vœux au lieu de 24, fin de la hiérarchisation des vœux), mais le rôle accru confié au lycée. En effet, pour aider les élèves à construire le parcours Avenir, un deuxième professeur principal sera nommé en classe de terminale. Et parallèlement, 3 000 étudiants « ambassadeurs » en service civique auront pour mission de renseigner les jeunes sur la réalité des formations. Deux « semaines de l’orientation » seront aussi organisées, l’une ce mois-ci, et l’autre en février.
L’avis décisif du deuxième conseil de classe
Mais surtout, les conseils de classe de cette année charnière auront une importance capitale. En effet, celui du deuxième trimestre donnera officiellement un avis sur les choix d’orientation des lycéens, avis qui sera transmis aux universités. Les équipes des filières d’enseignement supérieur demandées examineront les vœux des candidats au regard de ces appréciations pour émettre leur réponse et identifier les besoins d’accompagnement des bacheliers. Enseignants et chefs d’établissement du second degré auront ainsi l’avenir des jeunes entre leurs mains, ce qui déplaît fortement à certains syndicats, qui ne souhaitent pas devenir « des agents de la sélection », ni des « DRH ». Pour la FCPE, c’est la forme du conseil de classe et son fonctionnement qui doivent évoluer pour garantir aux élèves un examen impartial de leur parcours.
D’autres inquiétudes n’ont pas été levées, comme le manque de places dans les filières en tension où une sélection des élèves sera toujours opérée. Les parents d’élèves, confrontés en premier chef au quotidien à l’accompagnement de leur enfant dans leur parcours d’orientation, surveillent de très près les nouvelles procédures qui sont mises en œuvre. Très investie dans la première concertation, la FCPE sera également particulièrement attentive à la réforme du baccalauréat, chantier intrinsèquement lié à celui du supérieur. D’ailleurs, l’étanchéité des travaux a eu de quoi surprendre. La FCPE a en effet toujours réclamé que la réflexion soit plus globale, avec un parcours repensé de la seconde à la 3e année de licence, ce qui s’intitule, dans le jargon, le continuum bac-3/bac+3. Mais l’urgence politique sera-t-elle propice à faire émerger un nouveau modèle favorable au plus grand nombre ?
Infos pratiques
• « Faut-il unifier l’enseignement supérieur ? », interviews de Jean-Loup Salzmann, ex-président de la Conférence des présidents d’université, et d’Eric Charbonnier, expert auprès de l’OCDE, Revue des parents n°409, décembre 2016.
• 80% au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, de Stéphane Beaud, maître de conférences en sociologie à l’université de Nantes, éditions La Découverte.