La FCPE à Carcassonne défend la gratuité
Si la salle n'est pas comble, l'assistance est studieuse et avertie. Le Cdal de l'Aude a choisi d'organiser un colloque « Gratuité de l'école publique laïque : Réussite pour tous ? » après avoir mené une enquête sur la gratuité réelle de l'école. Pour le Cnal, la gratuité est un levier d'égalité dans l'accès au droit à l'éducation pour conduire les jeunes sur le chemin de la réussite et de l'émancipation. Il ressort de cette étude que la place de l'argent est omniprésente à l'école, de l'achat des fournitures jusqu'aux transports scolaires en passant par la restauration collective ou les sorties pédagogiques. Rémy-Charles Sirvent, le secrétaire général du Cnal, en profite pour rappeler que les populations les plus précaires sont les plus touchées par le fait que l'école n'est pas, malgré ce qu'elle affirme, gratuite. Devoir payer exclut une partie de la population, c'est un frein à la réussite pour tous.
Des invités tous d'accord : la gratuité est un facteur d'égalité dans la réussite
Pour Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre de l'Education nationale, la question est de savoir sur quel levier il est possible d'agir pour combattre les inégalités sociales et culturelles, génératrices d'échec scolaire. « Je n'ai pas de réponse toute faite, explique-t-elle. Notre système éducatif est l'un des meilleurs au monde mais il est aussi l'un des plus inégalitaires. Pourtant, il est possible de concevoir une école de l'égalité qui peut faire consensus. Nous sommes dans un moment historique, nous traversons une crise démocratique, climatique. Pour la traverser, nous avons besoin d'éducation. »
Autour de la table ronde animée par Yasmine Sadji, directrice opérationnelle de Solidarité laïque, Najat Vallaud-Belkacem, Patrice Buffelli, directeur d'école, Rémy-Charles Sirvent, secrétaire général du Cnal et Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE, sont passionnés. Le directeur d'école explique ses difficultés à organiser des sorties totalement gratuites pour des élèves dont les familles sont parfois en grande pauvreté quand Rémy-Charles Sirvent parle de la formation des enseignants qui n'aborde l'argent que sous l'aspect juridique, jamais sous l'aspect social. Pour Najat Vallaud-Belkacem, il faut faire République et la gratuité peut permettre de réduire les inégalités.
La parole est aux jeunes !
Enfin, pour Rodrigo Arenas, permettre aux enfants d'accéder aux lieux de culture générale, sur laquelle ils sont évalués à l'école, ou encore de manger correctement tout en apprenant le vivre-ensemble, c'est lutter contre les inégalités scolaires et sociales. « La nourriture et la mobilité sont deux choses qui participent de l'organisation des inégalités dès lors qu'ils dépendent des revenus des parents. Aujourd'hui, les exigences de réussite scolaire impliquent nécessairement un libre accès à la mobilité et à la cantine, et donc que cela entre dans le champ du droit commun. La différenciation doit se faire entre les parents et non pas entre les enfants, et cela doit passer par l'impôt et non par des tarifications différenciées. Qu'un enfant soit riche ou pauvre, il doit avoir accès à une salle de classe, à des enseignants, à une visite médicale obligatoire… »
La conclusion revient à Najat Vallaud-Belkacem qui rebondit sur un propos de Rodrigo Arenas, pour qui il est maintenant essentiel d'écouter les jeunes et leurs propositions pour inventer une autre école.
La salle applaudit régulièrement aux propos des uns et des autres, et finit par prendre la parole à la fin du colloque. Finalement, une centaine de participants, c'est exactement le bon nombre pour permettre un échange entre les invités et les participants !