« S’appuyer sur la coéducation pour faire face au harcèlement scolaire »
Comment définit-on une situation de harcèlement scolaire ?
Le harcèlement scolaire se caractérise par des faits de violence (physique ou verbale), qui se répètent dans le temps et qui émanent d’un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un élève qui n’est pas en capacité de se défendre (on parle de disproportion des forces). Aujourd’hui, les chiffres officiels indiquent, par exemple, que 5,6 % des collégiens sont concernés par un harcèlement sévère à très sévère (MEN-DEPP déc. 2017). Le harcèlement peut prendre la forme de bousculades, de coups, de moqueries, d’insultes, mais aussi de chantage ou d’humiliation. Il peut aussi se traduire par un cyberharcèlement, c’est-à-dire un harcèlement via différents canaux numériques (réseaux sociaux, SMS, etc.)
Quels sont les signes d’alerte pour identifier une situation de harcèlement ?
Au quotidien, c’est le changement de comportement d’un élève qui doit alerter (par exemple, un enfant qui devient triste, morose ou qui n’a plus envie d’aller à l’école alors qu’il aimait l’école). Toutefois, si l’on souhaite s’outiller pour apprendre à identifier une situation de harcèlement, il existe des ressources disponibles sur le site nonauharcelement.education.gouv.fr. Notamment un document intitulé « Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les écoles », qui contient une grille des « signaux faibles », observables à l’école mais aussi à la maison ! Il s’agit de « critères » (anxiété, manque d’appétit, maux de ventre/tête, etc.) dont il s’agit d’étudier la fréquence sur un temps donné.
Comment réagir lorsqu’une situation de harcèlement est avérée ?
D’abord, il est impératif de rassurer son enfant sur le fait que des adultes vont l’aider à s’en sortir. Il doit savoir qu’il va être protégé. Par ailleurs, il ne faut jamais lui rejeter la faute : il n’y est pour rien ! Ensuite, nous recommandons aux parents de prévenir l’établissement (le chef d’établissement, l’équipe de vie scolaire ou, le cas échéant, le référent harcèlement désigné par l’établissement) ou à l’équipe pédagogique de prévenir les parents si c’est elle qui identifie le problème. En effet, il faut s’appuyer sur le principe de coéducation pour faire face au harcèlement. Car, seul un travail d’équipe coordonné et en lien avec les familles peut permettre de repérer et de traiter efficacement le problème.
Concrètement, dans les établissements, comment luttez-vous pour endiguer le phénomène ?
Dans l’académie de Rouen, nous axons notre travail sur la sensibilisation et la prévention via l’intervention de notre équipe mobile de sécurité auprès des établissements. Ainsi, 25 à 30 000 élèves sont sensibilisés chaque année à l’occasion d’actions concrètes. Par ailleurs, nous formons des ambassadeurs lycéens et collégiens sur le harcèlement, en leur confiant un rôle d’alerte auprès des adultes. En parallèle, nous formons tous les personnels d’éducation (des enseignants aux chefs d’établissement en passant par les personnels de cuisine, d’entretien, etc.) sur l’identification et la prise en charge des situations de harcèlement. Nous développons par exemple la méthode dite « de préoccupation partagée » (méthode Pikas) qui consiste à impliquer les « intimidateurs » dans la recherche de solutions pour faire cesser le harcèlement.
Quelles actions menez-vous pour sensibiliser les parents ?
Là encore, l’équipe mobile de sécurité accompagne les établissements pour les aider à mettre en place des actions de sensibilisation, en s’adaptant aux besoins qui se font jour. Ainsi, les actions locales peuvent prendre différentes formes : cafés de parents ou autres espaces de parole au sein de l’établissement, distribution de flyers et/ou de documentation, etc. L’objectif est toujours le même : prévenir et « outiller » un maximum de parents pour les aider à savoir comment réagir le cas échéant.
Infos pratiques
A voir
En collaboration avec la MAE et Tralalere, la FCPE a participé à la réalisation de cinq vidéos d’information sur le harcèlement scolaire à l’attention des élèves et de leurs parents. Accessibles librement sur la chaîne Youtube « Parents, parlons-en ! », elles existent aussi en version sous-titrée pour les personnes malentendantes.